En matière de gestion de l’eau, il n’est pas possible de prendre des décisions en ne considérant que la situation actuelle. Les choix d’équipements ou de modalités de gestion que nous faisons aujourd’hui nous engagent en effet pour de nombreuses années. Il est donc nécessaire d’anticiper les changements à venir et de tenir compte des évolutions probables ou possibles du climat dans les années futures, ainsi que des conséquences de ces changements à des échelles locales.

Quels sont les scénarios possibles pour les années à venir ?

Anticiper sur ce que sera le futur est bien sûr extrêmement difficile. Aux incertitudes scientifiques sur le fonctionnement de l’écosystème Terre viennent s’ajouter des incertitudes encore plus grandes sur la façon dont notre société va réagir aux changements. Le GIEC raisonne donc en termes de scénarios. Comme le paramètre principal explicatif est la concentration de l’atmosphère en gaz à effet de serre, c’est l’évolution de ces concentrations au cours du temps qui sert à caractériser ces scénarios.

Dans le dernier rapport publié en 2013, les scénarios possibles ont été repensés par la Communauté scientifique [3] et exprimés sous la forme de profils représentatifs d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre. Le GIEC parle de RCP, diminutif du vocable anglais « Representative Concentration Pathways ». Plusieurs centaines de scénarios ont été proposés et quatre, considérés comme représentatifs, ont été retenus, du plus optimiste (RCP 2.6) au plus pessimiste (RCP 8.5).

A ces scénarios d’évolution des concentrations en GES sont associés des scénarios d’évolution socio-économico-politique (SSP pour « Shared Socioeconomic Pathways »), qui ont pour but d’évaluer les évolutions possibles de nos sociétés compatibles avec les scénarios d’évolution des concentrations en GES.

Comment ces scénarios sont-ils utilisés ?

Les scénarios sélectionnés servent d’entrée à différents modèles climatiques (une cinquantaine de modèles ont été exploités pour établir le rapport du GIEC publié en 2013). Ces modèles décrivent le fonctionnement de l’ensemble de la planète en la discrétisant en mailles supposées homogènes et en représentant les échanges entre ces mailles. Cette discrétisation est faite sur la surface, mais également de façon verticale (atmosphère et océan). La taille des mailles ou les phénomènes pris en compte sont différents selon les modèles, mais tous progressent continuellement en intégrant les nouvelles connaissances scientifiques et en bénéficiant des progrès des ordinateurs.

Actuellement la résolution horizontale des modèles est typiquement de 200 km par 200 km, ce qui est insuffisant pour connaître les effets locaux, en particulier dans les zones de montagne. Les chercheurs mettent donc également en œuvre des modèles régionaux, dits de « descente d’échelle », qui permettent de prendre en compte plus finement la topographie, en ne représentant qu’une partie de la planète.

Quelles sont les principales prévisions pour le siècle à venir ?

Malgré leur limite, les différents modèles produisent des résultats extrêmement cohérents, au moins aux échelles régionales.

Augmentation de la température à la surface du globe

Ils prédisent tous que l’augmentation de température à la surface du globe sera probablement supérieure à 1,5°C par rapport à l’époque allant de 1850 à 1900 pour tous les scénarios, sauf pour le plus optimiste (RCP2.6) et il est même probable qu’elle dépassera 2°C si nous suivons les deux scénarios les plus pessimistes (RCP6.0 et RCP8.5).

Augmentation du contraste de précipitations entre régions humides et régions sèches

Le contraste des précipitations entre régions humides et régions sèches, ainsi qu’entre saisons humides et saisons sèches augmentera presque partout.

Réchauffement de l’océan

A l’échelle mondiale, l’océan continuera de se réchauffer au cours du XXIème siècle, y compris l’océan profond, ce qui perturbera la circulation océanique.

Diminution de la banquise

Il est très probable que l’étendue et l’épaisseur de la banquise arctique continueront de diminuer, de même que l’étendue du manteau neigeux de l’hémisphère nord au printemps. La banquise pourrait même disparaître totalement en été selon certains scénarios. Les glaciers continueront de perdre de leur volume.

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Elévation du niveau des mers

Il est très probable que l’élévation du niveau des mers et des océans soit plus rapide au cours du XXIème siècle qu’elle ne l’a été entre 1970 et 2010. Elle dépassera très probablement 28 cm à la fin du siècle.

La plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de nombreux siècles, même si les émissions de gaz à effet de serre sont totalement arrêtées. L’inertie du changement climatique est en effet considérable, de l’ordre de plusieurs siècles.

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Source www.graie.org