Le changement climatique fait courir des risques à notre société en modifiant et en augmentant les aléas. Nous devons nous préparer à les affronter. Deux approches complémentaires sont indispensables :

Maintenir les aléas dans des valeurs acceptables.

Pour ceci nous devons limiter l’ampleur du changement climatique autant que faire se peut. Il faut donc réduire dès aujourd’hui, et de façon très importante, nos émissions de gaz à effet de serre. Ceci implique de mettre en place des mesures d’atténuation.

Diminuer la vulnérabilité de notre société en adaptant nos comportements et nos modes de gestion.

Ceci implique de mettre en place des mesures d’adaptation.

Le Ministère en charge de l’écologie a publié un plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Ce plan repose sur les scénarios régionalisés présentés plus haut. Il a vocation « à planifier les actions, à prévenir les mal-adaptations et à vérifier la cohérence des mesures des politiques publiques par rapport à l’adaptation. ».

Pour illustrer les principes généraux exposés dans ce plan, nous nous sommes largement inspirés de sa déclinaison sur le bassin Rhône-Méditerranée : « Le plan de bassin d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau » , publié en mai 2014.

Quels sont les principes d’action ?

En reprenant les idées du PNACC, six principes fondamentaux structurent le plan de bassin :

  • Faire des économies d’eau en luttant contre le gaspillage ;
  • Eviter la mal-adaptation, c’est-à-dire les actions qui accroissent à terme la vulnérabilité (par exemple le développement de la climatisation des immeubles) ;
  • Préserver les potentialités actuelles et futures des ressources et des milieux (préservation de la qualité, conservation du patrimoine) ;
  • S’assurer d’une ambition reconnue et partagée : les différentes parties prenantes doivent adhérer au projet ;
  • Savoir garder raison économiquement : les incertitudes sont très grandes sur les évolutions à venir et tout investissement doit être raisonné en tenant compte de ces incertitudes ;
  • Explorer l’univers des possibles et privilégier la combinaison de mesures : il n’existe pas de solution miracle et l’imagination doit être au pouvoir.

Une idée transversale essentielle est que les mesures à prendre aujourd’hui doivent être efficaces sur la durée, dans un contexte qui va changer de façon importante ; de plus les incertitudes sur ces changements sont très grandes. Les mesures à privilégier sont donc celles qui présentent les meilleures garanties de flexibilité et de réversibilité.

Comment développer la connaissance ?

Les actions à mettre en œuvre seront d’autant plus efficaces qu’elles s’appuieront sur une connaissance précise des changements à venir. L’amélioration des prévisions passent par une meilleure mobilisation et un meilleur croisement de l’ensemble des expertises. Elle passe également par l’accumulation de données fiables permettant de mieux suivre la réalité des changements, de mieux en maîtriser les causes et d’améliorer la capacité prédictive des modèles. Enfin le changement des pratiques ne sera effectif et efficient que s’il est compris et accepté par l’ensemble des usagers et des citoyens. Il est donc également indispensable de sensibiliser, mobiliser et fédérer tous les acteurs autour d’une vision commune et partagée de l’eau.

Comment réduire les vulnérabilités liées à ?

La Disponibilité en eau

La France ne va pas devenir une région aride. Les ressources resteront donc suffisantes, même dans les scénarios les plus pessimistes. Les tensions sur les ressources mobilisables en été risquent cependant de beaucoup s’accroître sur une grande partie du territoire. Pour faire face à ce problème, trois stratégies d’adaptation complémentaires peuvent être envisagées :

  • Les économies d’eau : c’est la réponse la plus efficace. Il existe des marges de manœuvre extrêmement importantes pour réduire la consommation, en particulier en modifiant les pratiques.
  • Le partage : il s’agit de répartir la ressource de façon équitable entre les différents usages, tous en préservant les milieux. Ceci implique de la concertation, des règles claires, un contrôle efficace et une grande transparence.
  • L’optimisation : les ouvrages existants peuvent être mieux utilisés ; le recyclage ou la réutilisation de l’eau peut être développé.

Au Bilan hydrique des sols

L’assèchement des sols, particulièrement en été est l’une des conséquences hydrologiques les plus probables du changement climatique. L’agriculture est particulièrement vulnérable à ce changement. Plusieurs stratégies de lutte contre cette menace peuvent être envisagées :

  • Mieux gérer les sols, en favorisant les pratiques culturales et agronomiques qui permettent d’augmenter le stock d’eau et la pénétration des pluies ;
  • Diversifier les cultures, en développant celles qui peuvent s’accommoder de sols plus secs.

La Biodiversité

L’idée centrale consiste à augmenter la résilience des écosystèmes aquatiques, c’est-à-dire leur capacité à s’adapter à un stress. Un écosystème en bonne santé et en effet beaucoup plus résilient qu’un écosystème déjà amoindri par la pollution ou par des éléments qui contraignent son cours (en particulier barrages et endiguements). Les éléments principaux sont donc les suivants :

  • Améliorer la santé écologique des cours d’eau ;
  • Diversifier des habitats et les écoulements ;
  • Rétablir les continuités hydrauliques longitudinales (de l’amont vers l’aval), latérales (lit mineur et annexes) et en profondeur (rivière et sa nappe d’accompagnement).

Au Niveau trophique des eaux

Le niveau trophique des eaux dépend essentiellement des apports en nutriment. Le risque de dystrophie (c’est-à-dire d’excès en matière nutritive) va être accru du fait de la diminution des débits d’étiage et de l’augmentation des températures. Deux types de stratégies peuvent être déployés :

  • Diminuer les charges en matière nutritive et en particulier le lessivage des nutriments en provenance des terrains agricoles.
  • Limiter l’échauffement de l’eau des rivières (suppression des zones de stockage, développement de la végétation sur les rives pour les ombrager, etc.).

L’enneigement

La diminution des durées d’enneigement dans les massifs de montagne va avoir des conséquences importantes sur le tourisme. Les adaptations passent ici par la diversification de l’activité économique des zones concernées, voire par leur reconversion.

Des personnes

Le changement climatique va exposer les personnes de façon certaine à un risque accru de canicules et de façon possible à un risque accru d’inondations.

La conception des aménagements, et particulièrement des espaces urbains doit intégrer ce double enjeu :

  • Concevoir une ville avec un couvert végétal plus important et conserver l’eau de pluie pour la mettre à disposition de cette végétation peut par exemple permettre de contribuer à lutter efficacement contre les ilots de chaleur urbains.
  • Augmenter la vigilance pour prévenir les aménagements ou constructions dans les lits majeurs des rivières, limiter les ruissellements, ralentir les écoulements, favoriser l’infiltration constituent des façons pertinentes de limiter les risques majeurs liés aux excès d’eau.

Comment organiser l’action ?

Même si les actions possibles selon les principes envisagés ci-dessus conduisent essentiellement à des mesures « sans regret », leur mise en œuvre peut être délicate et en tout cas nécessiter du temps.

L’ensemble des acteurs des territoires concernés doivent donc agir de façon concertée et collective. Ils doivent également déployer une stratégie dans la durée.

Enfin, le caractère aléatoire des situations climatiques extrêmes doit être pris en compte à travers des outils de suivi, de prévision et d’anticipation.

Source www.graie.org